samedi, septembre 01, 2007

La reforestation profitable

Vous cherchez une manière d'investir votre argent sans exploiter d'autres humains et tout en donnant un coup de pouce à l'environnement... en voici un exemple.

Un peu de contexte

Depuis plusieurs années, vous le savez déjà probablement, l'humain rase la forêt tropicale. Que ce soit en Indonésie, en Amazonie ou en Amérique centrale, les forêts sont coupées pour en vendre le bois d'oeuvre tel le teck ou l'acajou, pour créer de nouvelles exploitations minières ou simplement pour y effectuer de l'agriculture industrielle ou de subsistance. Le prix des métaux et du bois d'oeuvre ne cessant d'augmenter, on se bat littéralement pour couper davantage. C'est un des nombreux problèmes de notre système économique, un peu trop simplet selon moi, on est incapable d'attribuer une valeur économique à la conservation des forêts tropicales.. alors on prends pas de chance, on rase tout et quand on aura un compte de banque rempli à outrance, on découvrira peut-être la valeur réelle de la photosynthèse par exemple...

La forêt tropicale est un immense puits de carbone, c'est-à-dire que non seulement les arbres mais tout l'environnement que la forêt supporte séquestre naturellement le carbone à l'intérieur d'elle même. Lorsqu'on la coupe et qu'on brûle le bois ou qu'on le laisse pourrir, cela crée un apport de gaz carbonique qui déstabilise certainement le cycle naturel du carbone. On le sait maintenant, l'accroissement du CO2 dû à l'activité humaine est en partie responsable des changements climatiques.

La déforestation apporte également des changements significatifs au cycle de l'eau dans ces régions. Les arbres vont chercher l'eau profondément par leurs racines et "transpirent" cette eau dans l'atmosphère, les couper signifierait un climat plus sec. La perte de la végétation pourrait également causer une érosion accélérée des sols et éventuellement une possible désertification de la région.

Il va sans dire que la déforestation cause un stress sur les espèces végétales et animales indigènes par la destruction de leur habitat. Plusieurs de ces espèces doivent déjà disparaître à tous les jours sans que l'on s'en rende compte. En fait, la biodiversité est également un concept un peu trop complexe pour notre système économique, sa valeur n'est pas facilement calculable et on ne veut pas devoir payer pour la préserver. Par contre, peut-être que ce sont les pharmaceutiques qui vont réussir à mesurer financièrement cette perte car elles tirent bon nombre de leurs médicaments d'environnements "riches" comme celui de la forêt tropicale!

Le principe de la reforestation profitable

Le principe de la reforestation profitable fonctionne généralement comme suit: Une personne ou une entreprise achète un terrain dans une zone déforestée pour y planter des arbres. La première récolte, qui peut prendre en 15 et 25 ans avant d'atteindre maturité est exploitée de manière commerciale, ce qui veut dire que les arbres sont coupés à maturité et vendus sur le marché à un prix appréciable. Ce premier cycle commercial permet de rentabiliser l'investissement initial ainsi que le coût de la main-d’oeuvre pour le débroussaillage et l'entretien de la plantation durant la croissance des arbres. Dans le cycle suivant, seules des espèces indigènes sont plantées et le coût de l'entretien est également amorti par la coupe précédente. Rendus à maturité, les arbres demeurent en place et créent un environnement propice pour le développement d'une nouvelle forêt. Les terres ne seront plus jamais exploitées car elles sont des propriétés privées et ne pourront plus être attribuées pour la coupe.

Au Costa Rica et au Panama, les gouvernements offrent des avantages fiscaux très intéressants aux investisseurs étrangers qui décident d'investir dans la reforestation car c'est un des rares moyen qui fonctionne. La citoyenneté du pays est même offerte à ceux qui acquièrent une terre dans ce but précis. Le problème pour la plupart des gens est de se procurer une terre propice, la main-d'oeuvre et surtout les connaissances pour mener ce projet à terme. Cela peut coûter au moins 250 000 $US sinon plus uniquement pour débuter. Puisque les rendements sur la première coupe sont tout de même très généreux, environ 20% annuellement, plusieurs investisseurs, pour la plupart européens en ce moment, se lancent dans des projets reforestation en Amérique Centrale. La grande majorité des projets se font au Costa Rica et au Panama non seulement pour les incitatifs fiscaux mais également pour la stabilité des gouvernements depuis plusieurs années, la relative prévisibilité météorologique ainsi que les nombreux attraits touristiques à visiter pendant que les arbres poussent!

Des entreprises de reforestation telle Finca Leola, au Costa Rica, permettent à de petits investisseurs (comme moi) d'acheter quelques arbres sur leur plantation. Le fait de faire appel à de nombreux investisseurs leur permet d'amasser le capital nécessaire pour racheter toujours plus de terre déboisées et continuer ainsi la reforestation. Pour le petit investisseur, il y a beaucoup moins de risque avec une telle approche car toute l'expertise requise est déjà en place. Évidemment, les rendements sont légèrement moins élevés qu'en étant propriétaire car après la coupe, la terre appartient à celui-ci et il faut payer une redevance pour chaque arbre vendu mais en quelque part, cela reste très profitable de reforester.

Un scénario

Dans mon cas, j'ai acheté avec mon associé et sa copine un bloc de 600 arbres, au mois d'avril. Moi j'en ai 200 dans ce bloc. En fait, c'est lui qui m'a présenté cette idée et durant son dernier voyage au Costa Rica, il a pu visiter la plantation en compagnie du propriétaire. Nous avons décidé d'acheter nos arbres en même temps pour bénéficier d'un rabais important qui dépendait du nombre d'arbres achetés. Puisque je n'avais pas tout l'argent au moment de l'achat, j'ai décidé d'acheter mes arbres avec un plan de versement mensuel qui rend le tout encore plus accessible. Les arbres ont justement été plantés récemment, en voici une photo. Celui-là, c'est un teck.


Les arbres sont plantés assez serrés au début et dans environ 6 ans, il devrait y avoir une première coupe pour faire de la place pour que les autres poussent mieux. Selon mes calculs, assez pessimistes, le rendement de cette seule coupe devrait déjà rembourser le montant que j'aurai investi alors pour le reste... ça sera comme si c'était gratuit!

Évidemment il y des risques associés à un tel projet. La stabilité du gouvernement est importante. Il faut également choisir un environnement où les catastrophes naturelles sont rares. La plantation Finca Leola est située près du volcan Arenal. Les chances d'éruptions problématiques sont minces mais probables, en même temps le sol volcanique est très riche et permet une croissance plus rapide des arbres. Le feu, les insectes, les maladies sont également des facteurs de risque qui sont importants mais qui sont, par contre, amoindris grâce à la présence d'employés sur place qui inspectent régulièrement la plantation.

En bout de ligne.. investir à la bourse comporte également des risques mais la question pour moi ne réside pas dans le risque mais plutôt à savoir où je place mon capital. J'aime mieux le faire travailler pour un projet auquel je crois que de simplement l'investir pour avoir le maximum de rendement possible tout en mettant mes oeillères pour m'empêcher de voir le comment. Oui, le comment est tellement plus important que le combien même si on doit inévitablement passer par le combien...


Parfois, il faut savoir épouser un système pour mieux s'en sortir!

2 commentaires:

Samuel a dit…

on t'il des noms tes arbes?

Katia a dit…

Bonjour Alexandre,
Merci pour ce poste tès interessant pour ceux qui aiment la nature et souhaitent agir. Où en est ce projet aujourd'hui 3 ans après? Et quel a été l'investissement de départ pour 200 arbres? Je souhaiterais moi aussi m'engager dans des projets qui respectent la nature.